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Le Club des Insurgés

3 février 2016

Retour de flamme à Calais

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C’est la réponse du berger à la bergère. Une association d’extrême droite va financer les déboires judiciaires de la famille calaisienne, elle-même sympathisante, qui a braqué un fusil sur les extrémistes de gauche samedi dernier. Pegida, association anti-islam, souhaite venir manifester samedi prochain à Calais. Et les associations néo-nazies du Pas-de-Calais rivalisent de provocations contre les migrants.

L’extrême-droite fasciste, plus bête que méchante, a depuis longtemps montré son incapacité à s’ingérer correctement dans les affaires calaisiennes. Et heureusement ! Aussi dispararate en nombre qu’en idéologies, elle investit les quartiers limitrophes de la Jungle, dont les habitants excédés cherchent oreille compréhensive, unité et protection. Cette mosaïque de groupuscules désorganisés et dépourvus d’idéologues dignes de ce nom, n’a pour seul résultat que des agressions stupides de migrants, de lâches destructions de biens et de vaines représailles. Au premier assaut de l’extrême gauche, qui fonce tel un seul homme avec plusieurs centaines de personnes, les fascistes sont les premiers à abandonner le terrain, seuls les miliciens se battent aux côtés de la police. Leur rôle consiste donc à occuper le champ médiatique, après coup, en pleurnichant leurs couplets racistes écrits par des “conspi” extérieurs à la ville. Ce qu’ils font depuis le début de semaine.

A l’instar de certains de nos compatriotes musulmans victimes de la montée du fanatisme dans les quartiers défavorisés, une lecture analytique et distanciée de la radicalisation de ces quelques calaisiens s’impose. Mais à l’instar des premiers toujours, un jugement sévère s’impose tout autant aux seconds ! On ne peut brandir la croix nordique de Calais avec des mains souillées par la croix gammée du IIIe Reich. La plupart ne comprennent rien aux symboles qu’ils agitent. Ils se les approprient car, en mal d’identité, ils pensent se reconnaître par dépit dans la caricature que les bourgeois-bohèmes véhiculent d’eux. Pour les faire enrager, ils les portent même fièrement. Un grand classique des peuples méprisés. La gauche elle-même s’est appropriée le drapeau rouge de la loi martiale avec lequel on fusilla le peuple sur le champ de Mars.

Mais on aurait tort de généraliser. La majorité des calaisiens pense que ces excédés, avec lesquels ils compatissent, sont victimes d’une récupération honteuse de leurs malheurs par l’extrême droite. Invariablement, les calaisiens s’en tiennent à ce slogan depuis près de dix ans: “pas d'extrémistes dans notre ville, ni de gauche, ni de droite”. Ils ont raison. Nous avons raison.   

Mais les bien-pensants de notre beau pays ne connaissent pas cette subtilité. Pour eux, le problème se limite à “migrants contre calaisiens”, gentils contre méchants, humanistes contre fascistes. Avec une telle grille de lecture, pas étonnant que les critiques de l’extrême droite vaillent un pin’s de bonne conduite aux calaisiens. Il n’y a même pas une semaine encore, on nous traitait volontiers de racistes car nous dénoncions les violences de la manifestation d’extrême gauche. Moi-même en fis les frais. Aujourd’hui, nos demandes d’interdiction de la manifestation islamophobe sont encensées par BFMTV, nos prises de position sur les réseaux sociaux contre les “opportunistes” sont partagées la larme à l’oeil et Canal plus va dire du bien de nous. Une belle bande de faux-cul !  MP

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29 janvier 2016

Le NPA n'en revient pas

Philippe Poutou

 

Les militants du NPA n’en reviennent pas. Hier, un calaisien pauvre, sans gêne et sous-diplômé a osé leur lancer: “la mondialisation, c’est vous”. Quel effronté. Quel culot. L’extrême gauche, dans l’esprit de ses adhérents, c’est la gentillesse, la tolérance, l’humanisme, l’ouverture d’esprit. La mondialisation, tout son contraire. La totalité des français, sauf peut-être ceux qui sont possédés par le démon, aspirent à vivre dans un monde qui ne jurerait que par ces nobles valeurs ! Alors pourquoi personne ne vote t’il pour ces belles âmes ?

C’est parce que les objectifs de l’extrême gauche ne sont plus, depuis trente ans, en adéquation avec son idéologie. Le Parti Communiste est mort et ça se sent. En effet, dans la langue du grand patronat, un “monde sans frontières” se dit “grand marché unique”. L’immigration se dit “main d’oeuvre à bas coût” ou “garantie contre les revendications salariales”. La sur-exaltation des libertés individuelles, jusqu’au caprice, se dit “individualisme propice au consumérisme de masse”. La lutte contre l’autorité se traduit par “affaiblissement de la fiscalité et de la législation sociale”.

Marx avait lui-même prévenu que le capitalisme aussi est révolutionnaire, qu’il doit abattre frontières, états, religions et faire tomber l’homme dans “les eaux glacées du calcul égoïste” s’il veut instaurer la grande jungle libérale que seuls les grands loups domineront. Georges Marchais, qui dirigea le PCF dans les années 70-80, connaissait encore cette règle et tenait des meetings enfiévrés contre l’immigration “outil de l’oppression des peuples du tiers-monde” par le patronat occidental, au cours desquels les représentants syndicaux applaudissaient debouts la larme à l’oeil. A l’époque, les communistes reprochaient aux socialistes le virage libéral de Mitterand de 1983. Ils n’imaginaient pas, alors, que leurs successeurs le prendraient en dérapage incontrôlé, sortie de route et tonneaux.

Cette situation, due à l’affaiblissement du PCF, à l’arrivée de transfuges du PS (comme Mélenchon), mais aussi à un manque d’idéologues sérieux, explique le caractère romantique de cette extrême gauche actuelle qui rêve de bâtir un monde meilleur pour demain en utilisant les moyens qui rendent pire celui d’aujourd’hui. Michel Onfray dit qu’en remplaçant la faucille et le marteau par un mégaphone, le NPA a accepté son statut d’idiot utile de notre société. Les calaisiens n’ont pas tous fait Sciences Po mais ils pourraient y sauter des classes. Ils ont bien compris, eux, que la mondialisation qui avait déjà fait partir leur industrie, leur dentelle et leurs emplois revenait frapper une deuxième fois à leur porte pour leur présenter ses nouveaux esclaves: les migrants. Les calaisiens se battent pour la liberté des peuples, de tous les peuples, de choisir leur mode de vie et leur destin, les no borders se battent pour que les enfants des migrants assemblent des pièces automobiles dans une usine britannique ou allemande où ils seront payés une misère. Chacun son combat.  MP

27 janvier 2016

Christiane Taubira n'est plus ministre

Christiane Taubira

Aujourd’hui, Christiane Taubira a quitté son poste de ministre de la justice. Aimée ou détestée, elle n’a laissé personne indifférent. Si les milieux populaires, désormais plutôt conservateurs, ont mesquinement fêté son départ, les progressistes, plus modérés, ont salué la force de caractère de la Garde des Sceaux et encensé le symbole de progrès sociétal qu’elle s’est efforcée d’incarner, même s’ils reconnaissent un bilan se limitant à la réforme du mariage.

Sa force de caractère est indéniable, autant que sa persévérance dans ses idées (ce qui est rare chez un politicien d’aujourd’hui). Il faut dire que ses nerfs ont été mis à rude épreuve. En effet, plusieurs tentatives de récupération de l’hostilité populaire à son encontre se sont traduites par d'ignominieuses campagnes racistes (on se souvient de la une de Minute, torchon qui n’attire guère plus de lecteurs que d'électeurs). Toutes échouèrent car elles ne posaient pas les mots justes sur cette défiance, le peuple français rappelant toujours implicitement qu’il avait définitivement banni la distinction des citoyens selon des critères de naissance depuis 1789, et qu’il n’avait pas l’intention de revenir sur son chef d’oeuvre.

Mais paradoxalement, ce que les français ont reproché aux racistes, ils le reprochent également à Mme Taubira. Ceci est le point de départ de la (réelle) explication de la satisfaction de nombre d’entre eux à la voir partir.

Pour moi, cette explication se résume à un exemple: Gaston Monnerville. Comment, vous ne remettez pas Gaston ? Gaston Monnerville fut un homme politique français très important, résistant décoré de la légion d'honneur à la Libération, sénateur du Lot dès 1948 et président du Sénat de 1947 à 1968 (plus de 21 ans). Noir. Il a failli devenir Président de la République mais s’est fait ravir la candidature par René Coty. En 1968, la retraite de de Gaulle à Baden Baden faillit provoquer la vacance du pouvoir. Concours de circonstances, ce ne fut pas le cas. De très peu. Président du Sénat, il serait devenu le premier chef d’Etat français noir de l’Histoire.

Tout le monde a déjà entendu son nom alors qu’il somnolait durant le cours d’Histoire au lycée, pourquoi ne se souvient on pas alors qu’il était noir ? C’est parce que M. Monnerville, héro national français, a vécu à une époque, aujourd’hui caricaturée et honnie, où le multicultularisme n’existait pas. On se débrouillait. Il y avait eu des accrocs (statut des indigènes dans les colonies) mais rien qui corrobore la thèse d’une France raciste souvent dépeinte, bien au contraire. Sa couleur de peau n’a pas été inscrite dans les livres d’histoire parce que personne à l’époque ne voyait l’intérêt de désigner quelqu’un par sa couleur de peau pour expliquer en quoi notre nation progressait.

Monnerville est un grand homme de la République, a fait beaucoup pour ce pays et ne mérite pas l’oubli dont il fait l’objet de la part de ses incultes concitoyens d’aujourd’hui. C’est un français avant d’être tout autre chose. Madame Taubira n’a de commun avec lui que sa couleur de peau, son ministère a beaucoup consisté en l’exaltation des communautés, l’exact opposé. Même si elle a parlé en bien de ces communautés (et comment lui jeter la pierre? lutte contre les discriminations, égalité communautaire), elle a participé à la réintroduction, dans notre société, d’un mécanisme de désignation des citoyens en fonction de leur couleur de peau, de leur religion ou de leur identité sexuelle. Bref, un terreau propice au racisme. Les français sont donc légitimes à se méfier des deux. MP

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